Un oeil ouvert sur la tech

Édito Avril – DÉSINFORMATION

Le couple Midjourney/Stable Diffusion¹ va-t-il réussir là où les deepfakes n’ont pour le moment pas encore réussi ? Le service d’IA générative d’images créé par l’américain David Holz, semble en effet gagner en popularité chez les amateurs de bonnes blagues et de calembours informationnels, ainsi que chez les créateurs de fake news. 

Il y a quelques années, si vous vouliez vous lancez dans la manipulation d’images à l’aide d’une IA, les deepfakes semblaient être une solution parfaite. Comparativement à ce qui était disponible alors, pour fabriquer un deepfake il fallait télécharger un logiciel gratuit, disponible sur Github, puis bidouiller un peu de code, entrainer son dataset, être patient et le tour était (presque) joué. Quelques connaissances en programmation étaient nécessaires et bien entendues, une petite dose de jus de crâne pour comprendre comment tout cela fonctionnait. Mais globalement, rien n’était inatteignable et il ne fallait plus une petite équipe pour fabriquer des contenus assez bluffants. C’est le moment où des artistes/créateurs comme Ctrl-Shif-Face, Sham00k et Chris Ume ont pu émerger. 

Depuis quelques semaines, les choses ont accéléré. Le ticket d’entrée dans ce monde de manipulation a encore baissé. Midjourney permet à n’importe quelle personne (pour 8 $ par mois) de générer des images photoréalistes en quelques secondes. Fini les prises de tête insurmontables, une ligne de texte, un « prompt » permet de fabriquer une image à l’aide d’une description simple et de quelques paramètres additionnels. Ne manque plus que le prétexte pour tester les limites de l’outil et VOILÀ ! Sous nos yeux s’affichent de belles et rutilantes images prêtes à être postées sur les réseaux sociaux. 

Avec l’annonce de l’arrestation de Donald Trump, Midjourney s’est emballé. The Donald arrêté, menotté, embarqué par le FBI, mugshot de Trump, ex-président habillé de la blouse orange typique de certains prisonniers américains ou derrière les barreaux, les tests ne manquent pas. Puis la réforme des retraites a donné du grain à moudre aux amateurs de drôlerie français. Pas si drôle en fait puisqu’on a retrouvé un certain nombre d’images sur les réseaux qui ont semé le trouble ou l’inquiétude tant elles paraissaient vraisemblables…

Tout est prétexte au faux, à la contre-façon, du mobilier à l’architecture en passant par les burgers, il semble l’ère de l’illusion massive soit arrivée et que personne n’y puisse grand chose. Faut-il être alarmiste ? D’autres sujets bien évidemment demandent notre plus haute attention, ne serait-ce que si nous ne voulons pas tous finir sur une planète à 50C°, mais la question de la prolifération des IA génératives reste — à minima — préoccupante pour les professionnels de l’information. Si chacun d’entre nous a désormais le pouvoir d’ouvrir sa petite fabrique de propagande, comment pourrons-nous donner un sens à ce que nous voyons ? Outils, culture, éducation, tout est à revoir. Ce mois-ci dans SYNTH, donc la désinformation est au cœur de nos préoccupations.

Tout ça, c’est à découvrir dans ce numéro de SYNTH.

Partager cet article
URL partageable
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Lire la suite
Abonnez-vous à la newsletter
Ouvrez les yeux sur la tech !