Un oeil ouvert sur la tech

Édito Septembre – AI.DUCATION

Au mois de janvier dernier, un certain nombre d’universités et de prestigieuses écoles — dont Sciences Po où j’enseigne depuis presque 10 ans — ont déclaré les IA génératives persona non grata. Le débat du pour ou contre l’IA dans l’enseignement était lancé. Les uns ont perçu les IA génératives comme une menace, les autres comme une opportunité. Personnellement, ma position a été très simple. J’enseignais alors un cours appelé « Synthetic Horizons » qui traitait de ces questions en long en large et en travers, pas question de faire l’impasse sur ChatGPT et de l’interdire en cours, y compris pour les examens. « Hérésie ! » crieront certains. Peut-être, mais pour moi le sujet n’est pas d’interdire ou d’autoriser les étudiants à se servir d’une technologie qu’on a laissé tranquillement se développer dans l’espace public numérique. 

Non, en réalité, il me semble que le sujet met en lumière certaines lacunes de l’enseignement supérieur en matière de numérique et sur lesquelles il va falloir rapidement se pencher. 

En premier lieu, il y a la question des moyens. Moyens alloués à la formation des enseignant·e·s aux outils, mais aussi et surtout à la culture numérique. Maitriser les outils à disposition, c’est utile, mais comprendre les enjeux politiques, économiques et culturels du numérique aujourd’hui, c’est crucial pour n’importe quel enseignant. D’ailleurs, la question des outils est une porte d’entrée pour mieux appréhender ces enjeux. Quand Microsoft, Apple, Google et d’autres tapent à la porte des universités pour assurer des formations et pousser leurs solutions, il y a manifestement un problème. Quelles sont les valeurs prônées par ces entreprises? Comment celles-ci transparaissent-elles dans les outils qui sont proposés, peut-on les laisser entrer à la fac sans prendre quelques précautions ?

L’IA ne déroge pas à la règle. Derrière ChatGPT, Bard ou Llama ce sont des multinationales qui se battent. Trois pour être exact, Microsoft, Meta et Google. Et à nouveau, apprendre à maitriser les outils c’est une chose, mais apprendre un contexte d’utilisation, les dynamiques économiques, politiques, culturelles et idéologiques qui font que ces outils sont poussés avec — parfois — une extrême agressivité — c’est mieux. Pour autant, vu la rapidité avec laquelle le public s’empare de ces outils, l’autoformation reste pour le moment la norme et n’est que très peu accompagnée par les établissements. Résultat, les enseignant·e·s peinent à intégrer les questions du numérique dans leurs cours et à intéresser les étudiants aux enjeux contemporains. 

Dans ce numéro de rentrée, vous l’aurez compris, nous allons parler éducation et intelligence artificielle, de formation et des défis que tout cela représente. 

Tout ça, c’est à découvrir dans ce numéro de SYNTH.

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