Un oeil ouvert sur la tech

L’IA c’est la santé

La dernière évolution de ChatGPT qui a été présentée par OpenAI fin septembre donne la vue et la parole au chatbot le plus intelligent du monde. Des centaines de posts plus tard, alors que tous les experts de la planète ont demandé à l’IA de réaliser un menu avec une simple photo de l’intérieur de leur frigo, on a vu apparaitre au fil d’une discussion sur X (twitter) un cas d’usage "intéressant". 

Un utilisateur télécharge une radiographie de la main (apparemment intacte) et demande à ChatGPT d’en tirer un diagnostic. L’IA s’exécute et termine son analyse — apparemment correcte — par un avertissement invitant l’utilisateur à se rapprocher d’un spécialiste pour un conseil médical plus avisé. Le commentaire qui accompagne le tweet en français montre un emoji 🤩 qui dénote d’une certaine fascination pour ce qui est présenté comme une incroyable révolution. Quelques échanges plus loin, on s’aperçoit que l’idée derrière tout ça serait que le patient questionne lui-même directement ChatGPT pour effectuer un premier diagnostic en cas de fracture par exemple.

Certaines études montrent qu’en effet, l’IA pourrait être plus précise sur certaines observations ou analyses médicales. Il faudrait être dingue pour prétendre vouloir priver les médecins des ces outils d’analyse précieux. Parce que comme tous les systèmes experts, entre les mains de professionnels entrainés et sensibilisés aux enjeux éthiques et aux relations humaines, ces programmes d’intelligence artificielle sont utiles. Attention tout de même, l’adoption de ces systèmes peut également décrédibiliser les professionnels humains

En revanche, s’il s’agit de réinventer un Doctissimo sous amphétamines, l’idée est assez mauvaise. Le discours qui prend forme derrière l’échange sur X, porté par certains techno-enthousiastes, et qui met en avant l’usage autonome par le patient de ces outils d’autodiagnostic pousse un imaginaire de notre système de santé en rupture totale avec le modèle de santé publique que nous connaissons. 

Par exemple, plutôt que d’encombrer les urgences, un petit tour sur ChatGPT permettrait de rapidement accéder à un diagnostic et peut-être même à un traitement. Ce serait une aide précieuse pour les territoires où l’offre médicale se fait rare et le personnel sous tension. Pourquoi, d’ailleurs, continuer de soutenir une médecine trop lourde quand des HealthGPT pourraient prendre le relai pour une fraction du coût ? Si on ajoute à cela des assistants médicaux automatisés, le projet qui s’annonce réduit drastiquement toute forme de présence humaine dans le circuit médical, sans garantie ni d’une diminution de coûts, ni d’un meilleur traitement ou d’une prise en charge plus rapide. 

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