Un oeil ouvert sur la tech

Édito Décembre – EFFECTIVE CHAOS

S’il faut retenir une chose du mini-chaos qu’a connu OpenAI durant la séquence pathétique de « je t’aime — moi non plus » entre l’entreprise et son CEO Sam Altman, c’est que le secteur de l’IA repose presque entièrement sur la locomotive ChatGPT. Le petit vent de panique qui a couru dans l’industrie révèle bien que les perspectives de croissance d’un secteur qui reste en proie à bien les défis d’acceptabilité sociale sont liés au destin d’OpenAI et à la place de Microsoft dans cette équation. 

Depuis quelques jours donc, depuis que la situation s’est stabilisée, le centre de gravité de l’intelligence artificielle s’est déplacé encore un peu plus vers Microsoft. L’entreprise dispose à la fois du capital financier, humain et technologique ainsi qu’une place au board d’OpenAi pour assurer au secteur un avenir « radieux ». Sam Altman, qui retrouve son poste de CEO, perd son autonomie et passe définitivement sous le contrôle de Satya Nadella qui gagne sur tous les tableaux à l’issue de cette crise. 

La dispute entre le board d’OpenAI et son meilleur VRP en chef aura également révélé l’importance des récits qui se construisent autour de l’IA. Notamment ceux portés par une philosophie particulière appelée « l’Effective Altruism ». Créé par le philosophe écossais William Macaskill, l’altruisme effective est décrit par certains comme la philosophie des élites, une forme de pensée qui vise à maximiser le bien qu’on peut réaliser en usant de raisonnements logiques et de millions de dollars. Un de ces plus fameux représentants était jusqu’à peu encore, Sam Bankman Fried, l’ex-PDG milliardaire et désormais ruiné de la défunte compagnie de change de bitcoins FTX. 

Bref, il y a de quoi écrire un roman sur l’altruisme effectif, mais il faut comprendre que cette philosophie se confronte à une autre appelée « l’accelérationisme ». La première recherche la prudence dans le développement de nouvelles technologies pour éviter de causer du tort aux générations futures, la seconde considère au contraire qu’il appuyer sur l’accélérateur pour offrir une chance de salut aux mêmes hypothétiques humains qui peupleront le monde d’ici à 100 ou 1000 ans. 

Les deux se disputent autour de l’éventuelle survenue d’une AGI (Intelligence artificielle générale, égalant les capacités cérébrales humaines) et sur la façon de la contrôler. Elles oublient au passage qu’un monde bien réel continue de vivre autour d’elles, avec ses affres et ses malheurs et que les applications concrètes de l’IA aujourd’hui ne méritent pas qu’on les ignore pour quelques débats fumeux que ce soit. C’est que nous allons voir dans ce numéro de Synth.

Partager cet article
URL partageable
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Lire la suite
Abonnez-vous à la newsletter
Ouvrez les yeux sur la tech !