Un oeil ouvert sur la tech

Édito Février – AI Gaze

Depuis quelques années déjà, le monde du cinéma examine de plus près le rapport que ses « monstres sacrés » entretiennent avec les femmes. La parole des victimes d’agressions s’étant finalement fait entendre après avoir en vain alerté pendant des années des horreurs qu’elles subissaient, on a donc pu découvrir le véritable visage d’un certain nombre d’individus. Ainsi d’Harvey Weinstein à notre Gégé national, Benoit Jacquot ou Jacques Doillon, un schéma de comportements caractéristiques, révélateurs d’une masculinité toxique et débordante, révèle bien les valeurs patriarcales avec lesquelles de plus en plus de monde fait sécession.

Premier constat, dans ce monde, on ne demande pas la permission. On prend ce qu’il y a prendre parce que c’est un dû. Les hommes toxiques s’affirment avec violence et imposent leur réalité aux autres en cherchant à exercer une domination totale sur leur environnement. Peu importe les dégâts collatéraux envers les femmes, les minorités, les personnes racisées, etc. En marge de tout ça, ils multiplient les comportements à risques et abusent de produits en tout genres, de la drogue jusqu’à la bibine la plus légale. On pourrait dérouler comme ça pendant des heures les caractéristiques développées par les études de genre. Je vous recommande le livre de Pauline Ferrari qui décrit notamment les mouvements masculinistes et antiféministes en ligne.

Pourquoi donc parler de ça dans une lettre sur la tech et l’intelligence artificielle ? Tout simplement parce qu’en analysant l’année qui vient de s’écouler, on s’aperçoit que nombre de ces comportement se retrouvent dans les schémas qui animent le monde de la tech. 

Le péché originel survient quand les OpenAI et consorts décident il y a quelques années de se servir — sans obtenir le moindre consentement — des contenus des créateurs du monde entier pour entrainer leurs modèles. S’il faut violer le droit d’auteur, pas de problème. D’ailleurs, ce n’est pas eux qui ont tort, mais les créateurs qui n’ont pas fait suffisamment entendre qu’ils n’étaient pas d’accord pour qu’on utilise leur production. Le droit c’est d’ailleurs un truc rétrograde qui ne doit pas faire barrage à leurs désirs

Pas le temps de toute façon de se pencher sur la question, puisqu’il faut aller vite, vite, et se répandre sur toute la surface du globe pour dominer un marché jusqu’ici complètement vierge de toute concurrence. Si on a bien vu dès le départ que les deepfakes pornographiques commençaient à pulluler, on a préféré regarder les problèmes liés à la désinformation. Parce que la menace sur la démocratie, c’est quand même autre chose ! La politique est plus noble. Quand le nombre de deep-porns a atteint 90 % du nombre total de deepfakes, on a enregistré les plaintes et puis on est passé à autre chose. Circulez, y a rien à voir. 

Pour prospérer, il a fallu mettre au travail tout le monde, même les plus pauvres qui se trouvent être dans les pays du sud, trop chaud, trop loin, trop démunis pour protester. Des pays qu’on connait bien, certains y ont conservé une certaine influence coloniale. Un truc qui remonte aux années 50. Ça marche bien pour le secteur de la tech.

Pas certain donc qu’en 2023 la tech ait profondément évolué. Le nombre de femmes dans les métiers du numérique est au plus bas, les boards des entreprises sont uniformément blancs, mâles et richesMark et Elon ont même prévu un moment de se castagner dans un ring de MMA pour voir qui avait la cogne la plus lourde et on apprend en ce début d’année qu’Elon abuse massivement de kétamine pour « soigner » sa dépression. La même Kétamine qui semble très à la mode dans la Silicon Valley. Tout ça n’est pas bon signe. 2024 ne commence pas de la façon la plus progressiste qui soit. 

Mais c’est peut-être la bonne année pour réinventer l’imaginaire collectif au sujet de la tech, du numérique et de l’IA pour en faire quelque chose davantage inclusif et ouvert.

Je vous souhaite une très bonne lecture et à très vite sur les réseaux et dans la vie « pour de vrai »

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