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« Le langage sert non seulement à exprimer la pensée, mais à rendre possibles des pensées qui ne pourraient exister sans lui », nous rappelle le mathématicien et philosophe Bertrand Russel dans son livre Human Knowledge: Its Scope and Limit.
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Quelle pensée va-t-on former au contact de ChatGPT ? La question mérite d’être posée quand on voit les annonces successives de plateformes comme Snapchat, Google, Microsoft ou Meta qui promettent d’intégrer aussi vite que possible à leur service des bots conversationnels branchés sur GPT-3 ou 4 et ses équivalents.
Plateforme préférée des adolescents et des jeunes adultes, Snapchat a annoncé sortir My AI, un bot branché sur la dernière version de GPT (3 ou 4, rien n’est spécifié). Il ne fait aucun doute que ce bot va devenir le compagnon, le confident, l’ami virtuel de millions de jeunes qui — à un âge encore fragile — vont alors confronter leurs expériences de vie aux réponses statistique du LLM d’OpenAI.
MyAI, nouveau miroir synthétique, va recueillir des confidences sur les aspirations de vie de ces jeunes gens, leurs doutes identitaires, leurs quêtes sexuelles ou intellectuelles, leurs peurs ou leurs espoirs. Comment répondra le bot aux questions cruciales qu’on se pose à ces âges et qui forgent nos personnalités ou les démontent tout aussi facilement ? Comment appréhendera-t-il les situations de détresse psychologique, les jeunes isolés, le harcèlement, va-t-il devenir le psy secret des ados ? Comment ces esprits encore malléables vont-ils se construire au contact de bots nourris par les digestions de données de modèles vaguement contrôles ? Il ne s’agit pas de crier au loup, mais de poser des questions sanitaires.
Snapchat n’a pas communiqué sur la mise en place de procédures particulières, de filtres, de protections spécifiques et on ne peut qu’espérer que ce soit un oubli de communicant, pas un faux pas d’ingénieur.
Ce mois-ci dans SYNTH, les filtres de TikTok, l’éthique des médias synthétiques, la bataille des LLMs, et les dernières avancées juridiques en matière de copyright.
Tout ça, c’est à découvrir dans ce numéro de SYNTH.
