Un oeil ouvert sur la tech
Poster de campagne de Sergio Massa généré par IA. Prompt: "Sovietic Political propaganda poster illustration by Gustav Klutsis featuring a leader, masssa, standing firmly" Src: New York Times

Don’t cry for me…

Après des mois d’une campagne violente et sans merci, l’Argentine vient de se doter d’un nouveau président. Javier Milei, le candidat populiste libertaire qui a remporté les suffrages et son concurrent Sergio Massa se sont livrés à une bataille d’images générées par IA sans précédent, annonciatrice de l’ambiance toxique qu’on peut redouter pour les élections à venir dans le monde.

Propagande synthétique
La caricature est évidente. Sur le compte Instagram de Sergio Massa, le candidat du parti péroniste, Javier Milei, candidat de droite et ancienne personnalité de la TV argentine est dépeints comme un zombie assoiffé de sang ou sous les traits du Joker, l’ennemi mortel et complètement dingue de Batman.

Massa quant à lui incarne le camps du bien, le héros fort et solide sur lequel l’Argentine peut se reposer. De Indianna Jones aux Ghostbusters, les images les plus positives sont puisées dans la culture pop pour fabriquer l’incarnation la plus forte possible. L’équipe de campagne de Massa a produit ces images à l’aide de la version open source de Stable Diffusion, fine-tunée* avec les images des soutiens politiques de Massa et — bien sûr – avec les images de leurs opposants. 

L’enjeu
Évidemment pour les Argentins, ces élections représentent un tournant autrement plus important pour leur pays que le simple usage d’images de campagnes, mais l’usage massif de cette imagerie synthétique permet d’évaluer les stratégies en place dans les pays qui n’ont pas de régulation forte en matière de publicité politique.

On pense bien évidemment à la campagne pour l’élection présidentielle américaine, mais aussi à toutes les autres campagnes électorales plus locales, très disputées. Déjà, le parti républicain américain a usé sa première cartouche en diffusant un clip de campagne contre Joe Biden après que celui-ci ait annoncé qu’il se représentait. 

Il y a déjà eu des précédents et d’autres scrutins sont à surveiller. Un candidat à la Mairie de Toronto a, par exemple, déjà employé les IA génératives pour créer du matériel de campagne. Les élections en Pologne et en Slovaquie ont vu deepfakes audio et médias synthétiques être utilisés pour faire dérailler le résultat des scrutins. L’élection du parlement européen à venir inquiète également ainsi que celles à Taiwan.

Une année 2024 décisive
La bataille Trump/Biden va bien attirer tous les regards, d’autant qu’en termes de publicité politique, l’ambiance aux États-Unis est assez permissive. Le cadre légal comporte tout un tas de disposition qui seront certainement exploitées pour produire et diffuser les pires campagnes.

Celles-ci cibleront certainement les électeurs indécis dont on sait qu’ils sont critiques pour remporter une élection. Croisées avec les données personnelles disponibles, les campagnes pourront ajuster en temps réel les messages et cibler avec précision ces électeurs en les bombardant de messages susceptibles de les faire changer de camps. Immigration, inflation, avortement, environnement, soutien à Israël, les sujets de désinformation et de manipulation ne manquent pas. 

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