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David Chavalarias

HelloQuitteX vous aide à quitter X avec David Chavalarias

EN UN COUP D’OEIL

  • X, un environnement toxique : Depuis son rachat par Elon Musk, X (ex-Twitter) amplifie la toxicité et sert des objectifs politiques controversés.
  • Migration coordonnée : Le collectif HelloQuitteX propose des outils pour passer à des réseaux décentralisés, comme Mastodon ou Blue Sky, en conservant sa communauté.
  • Une date symbolique : Le 20 janvier marque l’appel à quitter X, face à son instrumentalisation politique, pour rejoindre des plateformes plus saines.
Faut-il rester sur X ? C’est la question que beaucoup se posent et que vous vous posez sûrement. Déjà, de nombreuses célébrités américaines et de prestigieux médias étrangers, comme The Guardian, ont quitté la plateforme. Plus récemment, dans l’Hexagone, des médias comme Ouest France, Sud-Ouest ou Mediapart ont suivi. Rencontre avec David Chavalarias, chercheur au CNRS, auteur du livre Toxic Data et fondateur du collectif HelloQuitteX.

Gérald : Pourquoi faut-il quitter X ?

David Chavalarias : X, anciennement Twitter, a longtemps été au cœur de l’espace médiatique, informationnel et politique. Cependant, depuis le rachat par Elon Musk, plusieurs modifications ont transformé cette plateforme en un environnement toxique. Nous avons pu mesurer, dans mon laboratoire au CNRS, une amplification de la toxicité et de l’hostilité des échanges. Cette dynamique provient directement de l’algorithme. Par ailleurs, Musk a abandonné la modération, rétablissant des comptes néonazis et suspendant arbitrairement des utilisateurs, y compris des journalistes. Enfin, il a utilisé X pour promouvoir des opinions d’extrême droite, notamment en manipulant l’audience pour servir ses propres intérêts politiques.

Gérald : Votre collectif, HelloQuitteX, propose donc une alternative. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste ce projet ?

David Chavalarias : L’idée est d’accompagner les utilisateurs dans une migration coordonnée vers des plateformes décentralisées comme Mastodon ou BlueSky. Ces réseaux permettent plus de liberté, comme le choix de l’algorithme de recommandation ou la possibilité de changer de modérateur sans perdre ses abonnés. Notre objectif est d’organiser cette transition, notamment en fixant une date clé : le 20 janvier. Ce jour symbolique marque à la fois l’investiture de Donald Trump et l’entrée de Musk dans un rôle politique encore plus affirmé. Nous proposons des outils pour que les utilisateurs puissent partir avec leur communauté, sans perdre leurs abonnés ni leurs contenus.

Ce que Musk a fait lors des dernières élections présidentielles s’apparente à de la manipulation.

Gérald : Cette initiative semble aussi porter une vision politique du numérique. Est-ce une démarche idéologique ou plutôt une simple question de transition technique ?

David Chavalarias : HelloQuitteX est apolitique et transpartisan. Ce que nous dénonçons, c’est l’instrumentalisation politique des données des utilisateurs, que ce soit par Musk ou par d’autres. Il s’agit d’une question de déontologie et de liberté numérique. En tant que chercheur, j’ai documenté les effets néfastes de X sur l’espace informationnel. Les preuves sont claires : X est toxique. Notre approche est basée sur des faits, et notre mission est avant tout pédagogique. Nous souhaitons montrer qu’il existe des alternatives plus saines et offrir aux utilisateurs des outils pour regagner le contrôle sur leurs données.

Gérald : Certains pourraient comparer l’utilisation de X par Musk aux scandales liés à Cambridge Analytica. Est-ce que vous partagez cette analyse ?

David Chavalarias : Absolument. Ce que Musk a fait lors des dernières élections présidentielles s’apparente à de la manipulation. Il a exploité les données des utilisateurs pour diffuser de la désinformation, semer le doute sur le processus électoral et orienter l’opinion publique en faveur de Donald Trump. Ces pratiques relèvent clairement de la tricherie. Nous avons analysé ces actions, et les résultats sont édifiants : plus d’un milliard de vues pour des tweets mensongers. Ces abus montrent l’urgence de s’extraire de cet environnement pour préserver des pratiques démocratiques saines.

Gérald : Que diriez-vous à quelqu’un hésitant encore à quitter X pour une plateforme décentralisée ?

David Chavalarias : Quitter X, c’est découvrir de nouveaux espaces numériques, s’émanciper et reprendre le contrôle de ses données. Cela permet d’éviter que ces données soient utilisées à des fins opaques, comme le ciblage électoral ou la désinformation. Les plateformes décentralisées comme Mastodon ou BlueSky offrent un environnement plus sain et respectueux des utilisateurs. En somme, c’est une opportunité de participer à un Internet plus libre et équitable.

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