EN UN COUP D’OEIL
- Explosion énergétique : La consommation des datacenters d’IA pourrait tripler d’ici 2030, équivalant à l’usage électrique de 40 millions de foyers.
- Retour au charbon : Des centrales promises à la fermeture sont réactivées, aggravant pollution, émissions carbone et stress hydrique aux États-Unis.
- Impact démesuré : Entre CO₂, métaux rares et déchets électroniques, l’IA met en péril les efforts de transition énergétique mondiale.
Les datacenters qui hébergent l'intelligence artificielle des OpenAI, Google, Anthropic & co, exercent une pression sans précédent sur les réseaux électriques américains. Alors que la demande énergétique explose, des centrales à charbon, initialement promises à la fermeture, voient leur exploitation prolongée.
Au-dessus des États-Unis, le ciel se couvre d’un cloud bien noir. Des centrales à charbon, vouées à la retraite, voient leur activité prolongée pour répondre à la consommation en électricité exponentielle des serveurs qui abritent l’IA.
Selon une analyse de Boston Consulting Group, la consommation d’électricité des centres de données représentait 2,5 % du total des États-Unis (~130 TWh) en 2022 et devrait tripler pour atteindre 7,5 % (~390 TWh) d’ici 2030. Cela équivaut à la consommation d’électricité d’environ 40 millions de foyers américains, soit près d’un tiers de l’ensemble des foyers américains.
Ces infrastructures, essentielles à l’entraînement des modèles d’IA comme ceux d’OpenAI ou de Google, nécessitent des quantités massives d’électricité, principalement pour alimenter des unités GPU hautement énergivores.
Un retour forcé vers le charbon
La pression est telle que des centrales à charbon, pourtant programmées pour fermer, voient leur activité prolongée. À Omaha dans le Nebraska, deux générateurs de la centrale North Omaha, initialement prévus pour être mis hors service, resteront en activité pour répondre aux besoins des datacenters voisins exploités par Google et Meta.
La Virginie, épicentre américain des centres de données, connaît une situation similaire, avec des prévisions de hausse de 85 % de la demande énergétique dans les 15 prochaines années. Une situation que connait également le Kansas, où la centrale alimentant un site de Meta a repoussé sa fermeture à 2028.
Ces décisions, prises en dépit des engagements environnementaux locaux et internationaux, mettent en péril la qualité de l’air et accentuent les émissions de gaz à effet de serre, et donc le réchauffement climatique et un impose un stress sur les ressources en eau dans des zones pourtant sujettes à la sécheresse. Une récente étude de Morgan Stanley souligne d’ailleurs que si la tendance actuelle se poursuit, les émissions liées aux datacenters pourraient tripler d’ici la fin de la décennie, annulant les efforts réalisés dans d’autres secteurs.
Des prévisions démesurées
Pour rappel, la consommation énergétique d’une requête adressée aux modèles de langage atteint en moyenne 2,9 Wh, soit près de dix fois celle d’une recherche classique sur internet (0,3 Wh). Ces besoins énergétiques s’accompagnent de lourdes émissions carbone. D’après une note publiée en septembre par le United Nations Environment Program, l’entraînement d’un modèle génère jusqu’à 300 000 kg de CO₂, un volume équivalent aux émissions de cinq voitures sur l’ensemble de leur durée de vie ou l’équivalent de 125 vols aller-retour entre New York et Pékin.
Outre ces impacts directs, les infrastructures liées à l’IA alimentent une demande croissante en métaux rares, dont le recyclage reste marginal à seulement 1 %. La situation est d’autant plus critique que l’industrie consomme des ressources hydriques considérables, avec une projection mondiale de 6,6 milliards de mètres cubes d’eau nécessaires d’ici 2027, soit plus de la moitié de la consommation annuelle du Royaume-Uni en 2023. Enfin, les déchets électroniques posent un défi majeur, car à peine 22 % de ces matériaux sont recyclés correctement, accentuant les pressions environnementales.
Un paradoxe face à la transition énergétique
Les initiatives de transition énergétique, incluant l’éolien et le solaire, peinent à compenser la demande croissante en électricité. Les retards dans les infrastructures de transport d’électricité et l’opposition locale aux projets renouvelables freinent leur adoption. Pour faire face, les big tech américaines prennent le devant en ne renonçant à aucune dinguerie, dont celle de réactiver “Three Miles Island”, la centrale nucléaire qui avait mis un coup d’arrêt au programme d’énergie nucléaire civil aux U.S en 1979 après un incident majeur.