Sommes-nous encore capables de reconnaitre le vrai du faux ? Les générateurs d’images et de vidéos synthétiques dévoilent tour à tour de nouvelles versions capables de produire des contenus indiscernables des représentations du réel. Une course à la démo qui claque qui interroge sur les véritables motivations des fabricants ?
La vidéo générée par intelligence artificielle a le vent en poupe. Les annonces de nouveaux générateurs se multiplient : Sora (OpenAI), Veo (Google), les Chinois Kling et Hunyuan inondent les réseaux de fausses séquences filmées. Ajoutez à cela la mise à disposition gratuite de Grok sur X qui permet de réaliser des images de femmes et hommes politiques dans les situations les plus délirantes et vous obtenez un cocktail Molotov redoutable. Il est désormais impossible de discerner ce qui est vrai de ce qui est faux à l’œil nu. Tous les délires visuels sont désormais permis. Un tournant s’amorce dans la façon dont nous avons de concevoir notre communication visuelle en 2025.
Mais passé la hype initiale, une fois qu’on aura vu de mignons pingouins faire du parapente, cuisiner comme un chef ou effectuer une sortie dans l’espace, que restera-t-il de tout cela ? Quelle est l’intention des géants de la tech derrière l’avancée d’une technologie — certes spectaculaire — mais limitée pour le commun des mortels ?
Rien n’est vraiment clair, mais les particuliers ne sont certainement pas les premiers utilisateurs ciblés par les concepteurs de ces modèles de génération de contenu. Les pros de la communication audiovisuelle sont davantage susceptibles de mordre à l’hameçon. Plus facile, plus rapide, moins contraignante, la génération d’images synthétiques permet de rapidement combler les trous d’une production hasardeuse ou de réparer les accidents de tournage… voire de remplacer des séquences entières.
L’impact est multiple. D’abord sur le plan social, où on peut s’attendre à une dégradation des conditions de travail et des revenus des vidéastes et des professionnels qui entourent cette activité. Plus besoin pour une majorité de productions de faire appel à eux ou s’il le faut, la concurrence est désormais encore plus féroce.
Sur le plan juridique, les questions s’accumulent. Les modèles de génération s’appuient sur des vidéos existantes, souvent sans autorisation, soulevant des enjeux majeurs de propriété intellectuelle. Les créateurs eux-mêmes, lorsqu’ils utilisent ces outils, ne peuvent revendiquer la propriété de leurs contenus, comme l’a rappelé le Copyright Office. Du côté des plateformes, l’exposition croissante à des poursuites judiciaires devient inévitable : à mesure que les preuves s’accumulent, il apparaît évident que ces modèles absorbent et détournent les contenus déjà présents sur le web.